2-Les fonctions :
2-1-Le sujet.
1. PRESENTATION , fonction du terme qui sert de support au verbe noyau de la proposition; l'accord du verbe avec le sujet marque cette relation.
2. NATURE DU SUJET
La fonction peut être remplie par un groupe nominal et par tous les autres termes équivalents au groupe nominal : pronom, infinitif nominal (Souffler n'est pas jouer), proposition relative substantive (Qui perd gagne), proposition conjonctive pure dite complétive (Qu'il soit ici m'étonne).
3. PLACE DU SUJET
Le sujet est le plus souvent placé avant le verbe. L'inversion de cet ordre était fréquent en ancien français; la tendance de la langue semble être de rechercher systématiquement l'ordre sujet-verbe, comme c'est le cas dans la langue familière actuelle. L'ordre inverse se trouve cependant encore en français moderne dans certaines constructions surtout fréquentes dans la langue littéraire. C'est en particulier le cas de l'interrogation. On notera le trait d'union qui joint alors le verbe et le pronom sujet qui suit, et la lettre euphonique là où la liaison serait sinon impossible : Viendra-t-il? Dans le cas de l'interrogation, on parle d'inversion simple si le sujet est un pronom personnel ou le pronom indéfini on (Vient-il?), sinon on parle d'une inversion de reprise : Paul vient-il?
L'interrogation totale avec ordre inversé est concurrencée dans le langage courant par l'interrogation avec est-ce que… qui permet de conserver l'ordre sujet-verbe et dans le langage relâché par un système de marque unique, intonation ou ponctuation (Il vient?).
La langue familière évite l'inversion résultant de l'occupation de la place initiale par un adverbe (inversion simple : Ainsi vivait cet homme; inversion de reprise : Peut-être Paul viendra-t-il), par un verbe (Vint la saison des vendanges), par certains compléments (En tête était le maire). Que permet de rétablir l'ordre sujet-verbe après peut-être et sans doute (Peut-être viendra-t-il. Peut-être qu'il viendra). L'inversion est obligatoire dans la proposition incise, héritée de l'ancienne langue (Venez, dit-il, il est tard) et l'inversion y est toujours une inversion simple (Venez, dit le vieil homme). Dans le style oral relâché, pourtant, des tournures comme qu'il me dit ou il me dit suppriment l'inversion.
4. SUJET ET THEME
On peut considérer la phrase comme l'application à un thème (ce dont on parle) d'un propos (ce qu'on dit du thème). Dans une phrase comme Cette affaire est oubliée aujourd'hui, le propos est cette affaire et il correspond au sujet. Mais sujet et thème ne sont pas toujours confondus. C'est Il vient qui est le thème dans une phrase comme Il vient demain, si celle-ci répond à la question Quand vient-il? La mise en relief est une tournure qui permet de souligner le propos : C'est demain qu'il vient.
5. SUJET ET AGENT
Le sujet se confond souvent avec l'agent, c'est-à-dire le responsable de l'action : Il marche. Mais la tournure passive permet de mettre au contraire l'accent sur le «patient» (de le désigner comme thème de la proposition) : l'objet du verbe actif devient le sujet grammatical passif, l'agent n'apparaît plus que comme complément du verbe ou même n'est plus mentionné (Le rideau a été déchiré). En outre, certains verbes n'expriment pas d'action : le sujet grammatical désigne alors le «siège» plus que l'agent : Je souffre, Je suis malade. La tournure pronominale permet un dédoublement de l'agent (Je me secoue) ou sa neutralisation en tant qu'agent (Je me réveille). Enfin, il existe des tournures où le sujet grammatical se réduit à un pur indice de personne (Il pleut, Il faut partir), un complément pouvant exprimer l'agent, complément appelé traditionnellement «sujet logique» : Il pleut des flèches.
Il convient donc de renoncer à une définition de la fonction sujet en termes trop étroits de sens ou de logique et de retenir comme indicateurs l'accord avec le verbe et la possibilité de certaines transformations : mise en relief en encadrant par c'est (ou ce sont) …qui…, interrogation utilisant la forme sujet qui (qui est-ce qui ou qu'est-ce qui).
2-2-L’attriubut.
Le nom d’" attribut " est donné à une fonction syntaxique assumée par un mot ou un groupe de mots par l’intermédiaire d’un verbe dit " attributif ". L’attribut apporte l’information essentielle de la phrase, c’est-à-dire le prédicat (ce qui est dit à propos d’une chose, le " thème ").
Remarque : cette information peut avoir une valeur de qualification lorsque l’attribut est un adjectif qualificatif : il est charmant, ou lorsqu’il s’agit d’un nom sans déterminant : il est professeur. Elle peut avoir une valeur de classification avec les adjectifs relationnels : cette session est parlementaire, ou quand l’attribut est un nom précédé d’un article défini ou d’un partitif : Pierre est un ami de ma sœur. Enfin, cette information peut avoir une valeur d’identification avec un attribut constitué d’un article défini et d’un nom, d’un nom propre ou encore d’un pronom démonstratif. Les deux termes mis en valeur renvoient à la même identité et la relation peut-être inversée : mon voisin est cet homme / cet homme est mon voisin.
L’attribut exprime donc la qualité ou la propriété que l’on attribue à un autre terme de la phrase, ou encore une identité que l’on pose. Il existe des attributs de l’objet et des attributs du sujet. La dénomination d’attribut oblige à toujours considérer trois terme qui sont le sujet, l’attribut et l’objet.
I. L’attribut du sujet
A. Verbes introduisant l’attribut du sujet
L’attribut du sujet est introduit par des verbes d’état qui peuvent être :
· des verbes d’identité. être, qui n’est porteur d’aucun sens, est dit " verbe copule " ?
- les verbes ou locutions verbales indiquant l’apparence : sembler, paraître, avoir l’air, passer pour, se révéler, se montrer etc.
- verbes indiquant la persistance, l’entrée ou le changement d’état : rester, demeurer, se trouver, tomber + adj.
L’attribut du sujet peut également être introduit par les verbes conférant un titre ou une appellation au passif ou à la forme pronominale : être nommé, être élu, être appelé, être jugé, s’appeler, se nommer, se constituer etc.
Enfin, certains verbes d’action peuvent introduire des attributs du sujet. Ex : il est reparti vexé.
B. Nature de l’attribut du sujet
Il peut être un nom ou un équivalent du nom :
· un nom, avec ou sans déterminant : Pierre est ( un ) médecin.
- un pronom : cela n’est rien.
- un infinitif : souffler n’est pas jouer
- une proposition subordonnée conjonctive : le mieux est qu’il ne vienne pas.
- une proposition subordonnée relative sans antécédent : je ne suis pas qui vous croyez.
Il peut être également un adjectif ou un équivalent de l’adjectif :
· un adjectif : il est charmant.
- un groupe prépositionnel : il est resté sans voix.
- un participe passé : la porte semble fermée.
- une proposition relative avec antécédent : il est là qui t’attend.
- un adverbe à valeur adjectivale : Puisque les choses sont ainsi, il vaut mieux partir.
C. Syntaxe de l’attribut
1. Construction : Le plus fréquemment, la construction de l’attribut est directe, qu’il soit attribut de l’objet ou attribut du sujet : il paraît fatigué, je la trouve fatiguée.
Il arrive cependant qu’il soit construit indirectement, au moyen d’une préposition qui est soudée au verbe et qui a perdu son autonomie syntaxique et sémantique : je l’ai traitée en amie.
2. propriétés : L’attribut du sujet ne peut être supprimé : il paraît charmant / *il paraît.
L’attribut peut être pronominalisé par le pronom neutre le : elle semble intelligente / * elle le semble.
L’attribut du sujet peut toujours commuter avec l’adjectif : elle ne reste jamais en repos / tranquille.
3. accord de l’adjectif :Il s’accorde en genre et en nombre avec le terme sujet.
4. place de l’attribut : Il est normalement à la droite du verbe, comme le COD, sauf quand il prend la forme des mots suivants :
· le, tel, ou que : voilà l’homme que tu es devenu. Telle est ma décision.
- qui ou que dans l’interrogation : qui est cet homme ?
- quel, dans les phrases exclamatives : quel homme merveilleux !
- dans les tournures emphatiques : douce est la nuit, et bénie sois-tu mon amour.
II. L’attribut de l’objet
A. Verbes introduisant l’attribut de l’objet
· Les verbes de jugement et d’appréciation : juger, trouver, estimer, considérer comme, regarder comme etc. Je le trouve très aimable.
· Les verbes indiquant un changement d’état : laisser, rendre, faire etc. Cela l’a rendu furieux.
Dans certains cas, le complément d’objet peut ne pas être exprimé : l’amour rend heureux (les hommes).
· les verbes conférant titre ou dénomination : proclamer, nommer, élire, traiter de, appeler etc. Le peule l’a proclamé roi.
A. Nature de l’attribut
L’attribut de l’objet peut être :
· un nom : on l’a nommé président.
- un pronom : je le considère comme celui qu’il nous faut.
- un adjectif ou un participe passé : je juge ces mesures insuffisantes.
- un groupe prépositionnel : je l’ai trouvé en paix.
- une proposition subordonnée relative, lorsque le verbe de la principale est un verbe de perception ou le verbe avoir : je le vois qui attend, j’ai les mains qui tremblent.
A. Syntaxe de l’attribut de l’objet
1. propriété : La relation attributive met en rapport le complément d’objet, l’attribut et le verbe transitif.
L’attribut de l’objet est un membre du groupe verbal ; en cas de pronominalisation du COD, l’attribut se maintient : ces mesures, les députés les jugent insuffisantes.
En cas de transformation passive, l’attribut se maintient : ces mesures sont jugées insuffisantes pas les députés.
2. accord : L’accord se fait avec le complément de l’objet. Cette affaire l’a rendue furieuse.
3. place : L’attribut de l’objet est placé après le verbe, qu’il soit ou non précédé d’une préposition. En revanche, il peut suivre le COD ou être placé avant lui : je trouve ton ami charmant mais je trouve curieux qu’il ne soit pas venu. La place de l’attribut s’explique dans ce cas par des contraintes rythmiques (de longueur par rapport au COD).
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2-3-L’épithète.
1. PRESENTATION , fonction remplie par l’adjectif qualificatif au sein du groupe nominal. Toutefois, d’autres termes peuvent être employés comme un adjectif et avoir une fonction d’épithète : certains adverbes (un homme bien), certains noms (un père avocat, une robe marron). On ajoute parfois à cette liste les propositions subordonnées relatives (un homme qui est honnête) qu’on peut classer aussi parmi les compléments du nom. L’épithète apporte soit une caractérisation (des mesures injustes), soit une détermination (les mesures gouvernementales).
2.EPITHETE DE CARACTERISATION ET EPITHETE DE DETERMINATION
L’épithète de détermination est équivalente à un complément déterminatif (elle apporte une précision par restriction au sein d’un ensemble plus large) : les mesures gouvernementales/les mesures du gouvernement. Dans ce cas, l’expression du degré est impossible, de même que la transformation du groupe en phrase avec attribut.
L’épithète de caractérisation autorise au contraire la transformation du groupe en une phrase avec attribut : une robe rouge/cette robe est rouge; une mesure injuste/cette mesure est injuste. Si le sens de l’adjectif le permet, l’expression du degré est possible : une mesure très injuste. Certaines grammaires considèrent en or (dans le groupe une montre en or) comme une épithète de caractérisation, car la possibilité d’en faire un attribut existe : cette montre est en or. La plupart des grammaires en font un complément du nom caractérisant (non déterminatif).
Il faut faire une place à part aux épithètes de transfert du type un blessé grave pour lesquelles la transformation en attribut est également impossible : elles proviennent d’une transformation d’un groupe nominal en un autre comprenant un nom de la même famille : une blessure grave>un blessé grave; la critique littéraire>un critique littéraire.
3. CONSTRUCTION DE L’EPITHETE
On distingue les épithètes proprement dites et celles qui sont détachées par des virgules. L’épithète de caractérisation non détachée apporte une caractérisation indépendante du temps marqué par le verbe : dans Une femme audacieuse a sauvé l’enfant, audacieuse a une valeur générale. En revanche, dans Une femme, audacieuse, a sauvé l’enfant, audacieuse, qui est détaché du nom-support par des virgules et dont la place est mobile (Audacieuse, une femme, etc.), a la valeur d’un complément circonstanciel (ici de cause). Pour ce dernier cas, on parle d’épithète détachée et on classe souvent celle-ci avec les appositions. Dans la plupart des cas, quand l’épithète a pour support un pronom, elle se construit comme une apposition : Celui-ci, audacieux, etc.
La construction indirecte n’existe qu’avec les pronoms indéfinis (rien d’intéressant) et dans des tournures du type un drôle de bonhomme, où drôle peut être considéré comme un type particulier d’apposition ou bien comme un adjectif substantivé.
4. PROPOSITIONS SUBORDONNEES EPITHETES
Les relatives qui enrichissent le groupe nominal permettent soit une caractérisation quand elles sont détachées (relatives explicatives : Mon voisin, que tu connaissais, est mort) soit une détermination quand elles ne le sont pas (relatives déterminatives : Le voisin que tu connaissais est mort). On peut aussi trouver des subordonnées conjonctives : la preuve que tu as tort. Voir proposition.
5. PLACE ET ORDRE DES ADJECTIFS EPITHETES
L’adjectif épithète peut être antéposé ou postposé au nom-support. Les règles qui fixent l’ordre sont complexes. Les adjectifs de détermination sont toujours postposés, ainsi que les adjectifs de couleur employés au sens propre et ceux exprimant l’appartenance à un groupe humain (un marin français). Les épithètes courtes et très courantes comme beau, grand, petit ou celles avec le préfixe in- sont souvent antéposées mais pas toujours, avec parfois des variations de sens selon la place (un homme grand/un grand homme).
De façon générale, on a pu observer que l’adjectif antéposé tend à former avec le nom une seule unité de sens (jusqu’à pouvoir, à la limite, former un nom composé : grand rue), alors que l’adjectif postposé ajoute une notion à une unité de sens bien délimité.
Quand le groupe nominal contient deux épithètes juxtaposées, l’une d’elles s’applique moins au nom seul qu’au groupe formé par le nom et par l’autre épithète : c’est souvent la première des deux si elles sont antéposées (une pauvre/petite femme), la dernière si elles sont postposées (la peinture murale/médiévale). L’interprétation de l’encadrement est plus complexe (le magnifique/ciel tropical; un grand artiste/méconnu). Quand les adjectifs épithètes sont placés sur le même plan, on utilise la ponctuation et la coordination : une femme pauvre, petite; une femme pauvre et petite. On ne peut pas coordonner une épithète de caractérisation et une épithète de détermination (une mesure gouvernementale injuste).
complément, mot ou ensemble de mots ayant pour fonction de compléter le sens du mot ou de l'ensemble de mots auquel il se rattache.
On pourrait définir de façon générale le complément comme un élément dépendant d'un terme-support et distinguer ainsi selon le support les compléments de phrase, les compléments du verbe, les compléments du nom, du pronom, de l'adjectif, du mot invariable. Mais la définition traditionnelle est plus restrictive : elle exclut des compléments du verbe ou de la phrase les attributs et ne retient que les compléments d'objet, les compléments d'agent, les compléments circonstanciels ; elle exclut des compléments du nom, outre les déterminants, les épithètes et les appositions. En somme ne sont retenues que les fonctions qui ne peuvent pas être remplies par un adjectif.
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LES COMPLÉMENTS D'OBJET
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Les compléments d'objet sont des compléments du verbe : ils sont caractérisés par le fait que leur existence dépend du verbe (voir transitivité) et du type de construction qu'il demande (construction directe ou indirecte, choix de la préposition dans le cas de la construction directe). La fonction peut être remplie par un nom ou un groupe nominal, un pronom, un infinitif, une proposition subordonnée. La nature même du complément d'objet peut dépendre du verbe : par exemple, on ne peut trouver un infinitif après connaître alors que le verbe savoir l'accepte.
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Le complément d'objet direct
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Le complément d'objet direct se construit sans préposition quand il s'agit d'un groupe nominal : il craint la pluie. On peut le rencontrer introduit par une préposition lorsqu'il s'agit d'un infinitif (il craint d'être mouillé) et par une conjonction lorsque c'est une subordonnée (il craint qu'il ne pleuve). Les questions qui est-ce que… ? ou qu'est-ce que… ? (ou leur variante familière : il craint quoi ? ou qui ?) peuvent appeler comme réponse un complément d'objet direct, mais aussi parfois un attribut ou un sujet réel (voir sujet).
Ce qui caractérise en propre le complément d'objet direct est la possibilité de la transformation passive de la phrase, transformation du complément d'objet direct en sujet et du sujet en complément d'agent. Il faut cependant noter que cette transformation est parfois peu naturelle : le complément d'objet direct ne peut pas devenir agent (en particulier quand il s'agit d'un pronom personnel : il mange une pomme > la pomme est mangée [par lui]). En outre, la transformation est impossible avec les verbes avoir et pouvoir ou des expressions lexicalisées du type prendre la porte. Par ailleurs, les verbes obéir, désobéir et pardonner permettent une transformation passive alors qu'ils ne sont plus transitifs directs dans la langue moderne.
Les pronoms personnels conjoints et les pronoms relatifs ou interrogatifs qui sont compléments d'objet précèdent le verbe ; les groupes nominaux le suivent. Le pronom rien, pourtant, précède le participe passé (je n'ai rien vu mais je n'ai vu personne). Tout précède le participe passé et a une place plus libre avec l'infinitif (dire tout ou tout dire). Dans certaines locutions, le nom précède le verbe (geler à pierre fendre).
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Le complément d'objet indirect
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Le complément d'objet indirect est construit avec une préposition quand il s'agit d'un groupe nominal : je me souviens de cette ville (mais je me souviens avoir vu cette ville et je m'en souviens). Le complément d'objet indirect se distingue d'un complément circonstanciel indirect en ce que la construction dépend du verbe lui-même. Sur ce critère, on pourra considérer un argument comme un objet dans s'appuyer sur un argument car, dans ce sens, le verbe ne se construit qu'avec sur. En revanche, on considérera le mur comme un circonstanciel dans s'appuyer sur le mur, car la construction n'est pas imposée par le verbe (s'appuyer contre un mur, à un mur). Quand il y a plusieurs compléments, la coordination marque l'équivalence fonctionnelle (penser à son père et à sa mère, mais envoyer une lettre à son père à Paris).
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Le complément d'objet second
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On appelle complément d'objet second le complément d'objet indirect d'un verbe qui se construit aussi avec un objet direct : il envoie une lettre (objet direct) à son père (objet second). Le complément d'objet second ne se trouve pas toujours en seconde place, il passe parfois devant, en particulier quand il est plus court : il écrit à son père une longue lettre de remerciement. Le complément d'objet second peut devenir complément d'objet direct dans des tournures souvent blâmées par les puristes : couper la parole à quelqu'un > couper quelqu'un (et donc le passif il a été coupé). On appelle aussi le complément d'objet second complément d'attribution, mais cette expression convient mal à des phrases comme voler quelque chose à quelqu'un et pas du tout à des phrases comme discerner quelque chose d'avec quelque chose d'autre. On a pu proposer de limiter cette expression aux compléments d'objet indirects pouvant être remplacés par un pronom conjoint au datif (par exemple à la troisième personne lui ou leur).
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Le complément d'objet interne
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Certains verbes qui se construisent sans complément d'objet peuvent avoir quelquefois un complément d'objet qui ne fait que reprendre une idée présente dans le verbe en la précisant : pleurer toutes les larmes de son corps, des larmes de joie. On parle alors de complément d'objet interne.
On appelle complément d'agent le complément indirect d'un verbe à la voix passive, complément qui correspond à ce qui serait le sujet si la phrase était à la voix active : les fleurs ont été abîmées par la pluie (à la voix active : la pluie a abîmé les fleurs). Le complément d'agent peut se coordonner avec un autre complément indirect qui n'est pas un complément d'agent : cette règle a été inventée par lui et pour lui. La préposition est le plus souvent par (qui peut introduire aussi des compléments circonstanciels), parfois de quand le verbe est, au sens figuré, un verbe de sentiment (il est aimé de tous) ou un verbe construit par archaïsme à l'imitation de la langue classique. Dans des tours figés, on trouve encore la préposition à (mangé aux mites).
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LE COMPLÉMENT CIRCONSTANCIEL
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On caractérise souvent le complément circonstanciel par sa mobilité et par son sens : il apporterait une notation de circonstance. Cette définition est insuffisante et fausse pour certains compléments. Quelques compléments circonstanciels sont aussi étroitement liés au verbe que des compléments d'objet et ne sont pas mobiles : il va bien. On peut, en revanche, retenir comme trait caractéristique du complément circonstanciel la possibilité pour un adverbe de remplir la fonction : cela le distingue des différents compléments d'objet aussi bien que du complément d'agent. Une autre caractéristique est la variation selon le contexte du support du complément circonstanciel : dans évidemment il mange bien le matin, bien porte sur le verbe mange, le matin sur il mange bien, évidemment sur l'ensemble il mange bien le matin.
Les compléments circonstanciels peuvent être classés en fonction de leur support (verbe, relation sujet-verbe, phrase) ou bien selon qu'existe ou non la possibilité d'encadrement par c'est… que…, ou encore selon la portée de la négation (portant sur le complément dans il ne mange pas bien, n'y portant pas dans il ne mange pas malgré sa faim). La classification traditionnelle prend en compte le sens du complément ; le problème est alors la multiplication des catégories jusqu'à l'absurde, puisqu'on peut, à la limite, créer une catégorie pour chaque verbe. Parmi ces catégories sémantiques, on peut retenir le lieu, le temps, la manière (intégrant le moyen et l'accompagnement), la mesure, l'opposition et la concession, la cause, la conséquence, le but (conséquence recherchée), la condition. Des distinctions secondaires sont utiles dans l'apprentissage scolaire, même si elles n'ont pas d'intérêt du point de vue linguistique : la distinction, par exemple, entre les lieux d'où l'on vient, où l'on est, où l'on passe et où l'on va, peut être nécessaire pour les exercices de thème latin (le latin marque ces distinctions par des flexions différentes).
Peuvent être complément circonstanciel le nom ou groupe nominal, le pronom, le pronom adverbial, l'infinitif, le gérondif, le participe, l'adverbe, la proposition subordonnée. La construction est souvent indirecte (la préposition donne souvent le sens du complément), mais aussi directe (en particulier les compléments de mesure et de temps : il mesure un mètre soixante ; il part la semaine prochaine ).
Outre l'épithète et l'apposition, le groupe nominal peut être enrichi par des compléments du nom. Il s'agit de noms ou de groupes nominaux (le père de Paul ; les gens d'en face), d'adverbes (les gens d'ici), de pronoms (le père de ce dernier). La subordonnée relative peut également tenir ce rôle. Les noms correspondant à des verbes sont complétés par les mêmes termes que ces verbes (la nomination de Paul comme directeur / on a nommé Paul directeur), ceux qui correspondent à des adjectifs par les mêmes termes que des adjectifs (la fidélité de Paul à sa vocation / Paul est fidèle à sa vocation). On appelle complément subjectif celui qui correspond à un sujet actif (l'amour de son fils / son fils l'aime), objectif celui qui correspond à un objet (l'amour de son fils / il aime son fils). La construction est souvent indirecte, avec une grande variété de prépositions ; la construction directe existe (une montre or et diamants, l'affaire Dreyfus).
Certains compléments du nom sont des compléments de caractérisation ; comme les épithètes et appositions, ils peuvent être détachés du nom et, comme eux, prendre une valeur de complément circonstanciel : son père, d'origine espagnole, était parfaitement bilingue (d'origine espagnole, son père était parfaitement bilingue). Certaines grammaires rangent ces compléments avec les épithètes, car la transformation en attribut est possible (son père est d'origine espagnole).
D'autres sont des compléments déterminatifs (ou compléments de relation) le père de Paul. Un complément de caractérisation peut devenir un complément déterminatif dès que reparaît un déterminant : un tablier de boucher, le tablier du boucher.
La proposition relative a tantôt le rôle d'un complément de caractérisation (relative explicative), tantôt celui d'un complément déterminatif (relative déterminative) : c'est le détachement ou non qui marque quel est son rôle (le chat, qui était noir,… ; le chat qui était noir…).
Dans certains groupes avec complément du nom, c'est le complément qui semble être le terme principal du point de vue du sens, sinon de la grammaire. C'est le cas des noms exprimant un collectif (un groupe de chercheurs), une mesure ou un nombre (un million de francs), un contenant (un verre de vin), etc. L'accord du verbe quand ces groupes sont sujets pose des problèmes (un tas de choses arrive(nt)).
Un terme peut compléter un adjectif (fier de sa réussite ; fier d'avoir réussi ; fier de ce qu'il a si bien réussi ; fier de lui), un pronom (celui de Paul), un adverbe (indépendamment des circonstances ; partout où j'irai), des mots-phrases (oui à la nationalisation des banques). Les pronoms indéfinis complétés du type beaucoup de monde peuvent être aussi considérés comme les déterminants indéfinis d'un nom.
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